Mais vous faites quoi en fait ?

Une amie m’a fait remarquer que nos pratiques étaient parfois assez floues et que cela pouvait réfréner les demandes d’aides des familles en difficulté. Aussi je vais essayer, sans trop spoiler de futures aventures, de développer ici ce que je propose lors des entretiens familiaux.

Tout d’abord, partant du principe que l’être humain est un animal social (la question reste complexe et Rousseau me contredirait certainement), je travaille avec toute la famille. Hormis lorsqu’une personne présente une psycho-pathologie (là encore cela reste discutable) nous sommes souvent le résultat de relations psycho-affectives tissées dès l’enfance avec nos parents, nos amis, nos professeurs ou encore nos pairs. Il serait donc questionnant d’essayer d’atténuer des souffrances issues d’un groupe en travaillant en individuel, surtout quand ces difficultés impactent ce même groupe qui à son tour les alimente…

Ok… c’est pas super clair… Je m’explique :

La question du symptôme.

L’approche systémique et l’expérience m’ont appris que, très souvent, les “problèmes des enfants” sont symptômes de fonctionnements familiaux. J’ai coutume d’expliquer aux familles que j’accompagne que si je vais voir le médecin pour des douleurs venant d’une crise d’appendicite et que le praticien me donne des médicaments contre ces douleurs, mon appendice finira par exploser, provoquant une péritonite qui finira par me tuer. Pourtant je n’aurai plus mal… la solution d’atténuer le symptôme (la douleur) est-elle alors la bonne ?

Un symptôme est un signal d’alarme mettant en lumière un problème. Le symptôme n’est pas le problème, il fait partie de la solution. Faire disparaître un symptôme pourrait, au mieux, le faire se déplacer (l’aîné va mieux mais c’est le plus jeune qui prend le relais) et, au pire, amener une montée en puissance symptomatique (d’un début de déscolarisation on arrive à des conflits physiques avec un prof). Ainsi il est assez rare que j’accompagne une famille dans un travail autour du symptôme pour lequel ils m’ont interpellé. Assez contre-intuitif, je vous l’accorde.

Donner des conseils.


Qu’est ce que j’aimerais pouvoir vous conseiller, vous éclairer de mes compétences et de mon savoir pour vous sauver vous et vos familles. J’adorerais, tel un Pascal-le-grand-frère viril et impressionnant, vous orienter dans des pratiques éducatives miraculeuses qui résoudraient, le temps d’une publicité, tous vos problèmes ! Malheureusement je ne fais pas ça et je ne suis pas certain que cela existe.

Lorsque nous appelons un professionnel, c’est pour utiliser des compétences qui nous manquent dans la résolution d’une difficulté. La dernière fois que le moteur de ma voiture a explosé, je suis allé chez le garagistes qui fut mon sauveur (encore merci à lui). Néanmoins, dans mon domaine d’activité, l’expertise est une lame à double tranchant. Une famille est une mécanique unique qui évolue dans une logique qui lui est propre. Les schémas, rites, rituels et fonctionnements sont les siens et n’ont pas les mêmes fonctions que chez le voisin. Je suis parfaitement conscient que lorsque j’interviens dans une famille, on attend de moi une place d’expert et d’analyste qui saura expliquer comment faire. Hors, les conseils que je pourrais prodiguer ne sauraient avoir de sens que dans mon propre système familial, mon propre moteur (et encore…). Vous êtes les experts de votre propre famille et l’immense majorité des recommandations que je pourrais faire ont déjà été tentées, souvent sans succès.

Vous servez à quoi alors ?

Bonne question ! Le petit plus que j’essaie d’apporter dans mon travail avec les familles en souffrance est un pas de côté, un regard à la fois extérieur et intérieur qui permet de mettre en lumière les fonctionnements qui provoquent le symptôme. Par des techniques d’entretiens et des outils je favorise la communication (verbale/non-verbale, analogique/digitale) entre chacun permettant ainsi une réorganisation du système familial. Cela peut passer par un retour sur l’histoire, l’exposition des schémas de fonctionnement et des rituels ou la mise en mots du réel (je verbalise ce que je vois).

Si des parents attendent de moi que je valide le fait que fumer du cannabis en séchant les cours n’est pas génial pour le futur de leur enfant, je peux le faire sans problème mais pourquoi la parole d’un inconnu aurait plus de poids que celle de Papa ou Maman ? Pire, si cela fonctionne, je devrais alors revenir toutes les semaines pour le rappeler à l’ado non-scolaire, c’est rentable financièrement mais éthiquement discutable. Mon travail est que la famille puisse, à termes, se passer de moi et résolve par elle-même les accrocs du quotidien qui sont nécessaire à la vie et à l’évolution de tous.

Voilà, j’aurais encore beaucoup de choses à vous dire sur mon travail et la pratique à laquelle j’aspire mais je ne m’étendrai pas plus de peur de pousser trop avant des concepts que je développerai dans d’autres articles.

Comme d’habitude les éléments présentés ici ne sauraient être généralisés totalement car l’adaptation aux différents systèmes familiaux (aux différents moteurs) amène des ajustements et des modifications à chacune de mes interventions.

Photo par Fancycrave sur Unsplash

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