Dodo, l’enfant do, l’enfant dormira… peut-être…

Quel bonheur d’aller se coucher après une bonne journée ! De retrouver son lit douillet et de s’y abandonner dans les bras de Morphée…

Quelle cauchemar d’essayer de dormir quand la tête déborde de problèmes et de questions ! D’essayer de fermer les yeux et de laisser libre court aux angoisses et aux démons de la nuit !

Et bien oui, nous en sommes tous là. Le sommeil est une bénédiction ou une malédiction selon notre état d’esprit. Il en est de même pour nos enfants qui ont leurs problèmes et leurs angoisses.

Lors des entretiens familiaux, je rencontre souvent des parents qui me questionnent sur le sommeil de leurs enfants. “Il dort trop et se lève à point d’heure”, “Elle est sur son téléphone jusque deux ou trois heure du matin alors qu’elle a cours”, “Il a peur et veut dormir avec moi”. A ces questions les familles souhaitent des réponses.

Je vais tenter dans cet article d’expliquer comment fonctionne le sommeil, en quoi il est important, et de vous donner quelques petites astuces qui pourraient faciliter l’endormissement ainsi que des nuits sereines et reposantes. Ces conseils sont généralement valables pour les grands comme les petits.

Pourquoi dormir ?

Tout d’abord soyons conscients de ne pas être égaux devant le sommeil. Les couches-tôt, les couches-tard, les gros dormeurs ou encore les micro-siesteurs il y a presque autant de besoins de sommeils qu’il y a de dormeurs. Néanmoins les effets physiologiques et psychologiques restent les mêmes quand on en manque.

Le sommeil est découpé en plusieurs cycles d’environ 1h30 chacun découpés en phases de sommeil lent et léger, sommeil lent et profond et sommeil paradoxal. Ces phases de sommeil ont toutes des fonctions différentes nécessaires à l’organisme.



– L’endormissement.

Je n’ai pas intégré cette étape dans les cycles du sommeil car elle ne se répète pas réellement pendant la nuit. L’endormissement est la transition entre l’éveil et le sommeil et est découpé entre la somnolence et l’assoupissement. Elle varie selon les personnes mais ne devrait pas dépasser la demie-heure. L’endormissement va grandement déterminer la qualité du sommeil qui suivra. Il est donc important d’apprendre à s’endormir afin de bénéficier d’une nuit réparatrice.

– Le sommeil lent et léger.

C’est la phase pendant laquelle l’organisme se prépare à vraiment dormir. Les muscles se détendent, les ondes cérébrales deviennent lentes et la respiration régulière. Lors de ce temps, le dormeur reste très réceptif à son environnement extérieur (lumière, bruit, confort…), il faut donc veiller à ce que les conditions soient favorables au calme et à l’apaisement, sans parasitage.

– Le sommeil lent et profond.

Le sommeil lent profond est le sommeil du corps. Il régule les sécrétions hormonales (hormones de croissance chez l’enfant par exemple), renforce le système immunitaire avec l’élimination des toxines et déchets, et optimise le métabolisme. Un sommeil profond serein favorise donc une bonne santé physique en aidant le corps à survivre à son environnement extérieur.

– Le sommeil paradoxal.

Le sommeil paradoxal et le sommeil des rêves (même si nous rêvons pendant toutes les phases mais de manières différentes). Le sommeil est paradoxal car il conjugue une activité cérébrale intense et une tonicité musculaire proche de la plante verte (ce qui nous évite de nous battre réellement avec notre conjoint lorsque nous faisons des cauchemars). Là où le sommeil lourd et profond permet au corps de se renforcer, le sommeil paradoxal est plus orienté sur le psychisme et le cerveau du dormeur. Cette phase organise la mémoire et l’esprit par le biais de rêves complexes dont nous garderons plus facilement souvenir.

Ces cycles de sommeil sont entrecoupés de phases d’éveil léger. Nous n’en gardons pas souvenir mais nous reprenons ainsi légèrement conscience plusieurs fois par nuit afin de recommencer un cycle. Certaines personnes peuvent être handicapés par des phases d’éveil trop intense et avoir beaucoup de difficultés à s’endormir de nouveau.

Bien bien, maintenant que nous savons plus ou moins ce qu’est le sommeil, intéressons nous aux particularités dues à l’âge.

Le sommeil selon les âges

Les besoins de dormir sont, nous le savons tous, différents selon les périodes de la vie. Un enfant en bas âge aura besoin de plus de sommeil qu’un adulte (oui oui, même si il passe son temps à vous réveiller la nuit et que ça vous épuise, c’est normal.)

Sans entrer plus avant dans les détails (sinon je vais encore écrire un article de 4700 pages et vous aurez décroché avant la fin), voici les besoins en fonction des tranches d’âge. Encore une fois cela reste une référence qui peut varier selon chaque personne.

Chez le bébé de moins de neuf mois, le besoin de dormir varie de 15 à 20 heures par jour (elle est pas belle la vie ?). Cette période de la vie voit mûrir le système nerveux et croître le corps. Les phases lentes-profondes et paradoxales sont donc très importantes pour son bon développement. Le rythme alternant repas et sommeil, bien qu’épuisant pour les parents, est nécessaire et doit être stable. Vérifiez donc que les horaires ne varient pas trop et adaptez les à son rythme, pas au votre (oui, je sais, il paraît que c’est facile de donner des leçons…). Ces besoins évoluent selon les bébés progressivement jusque environ 2 ans.



Entre 2 et 4 ans, le sommeil doit être divisé en 2 périodes distinctes dans la journée, la sieste (1h30 à 2h) et la nuit (au minimum 9 heures), pour un total de 11 à 13 heures environ. La sieste est donc primordiale pour le rythme des enfants de cet âge. Il faut de nouveau être vigilant à pouvoir réveiller son enfant de la sieste après un cycle complet. Si votre pitchoune vous semble épuisé, de mauvais poil ou au contraire si il se réveille trop tôt de la sieste, il vous faudra ré-évaluer son heure pour se coucher ou se lever.

Vers 5-6 ans, de nouvelles difficultés peuvent apparaître. Le temps de repos nécessaire est de 11 heures de sommeil mais les réveils la nuit deviennent plus fréquents. Certains enfants n’ont aucun problème pour se rendormir mais parfois il faudra un temps d’apaisement et de calme avec Papa ou Maman afin de pouvoir reprendre sa nuit. Une petite veilleuse, une chanson, un verre d’eau ou une petite histoire lui permettront de se détendre de nouveau et retourner voir Morphée.

De 6 à 12 ans, le sommeil doit se stabiliser avant l’arrivée de l’adolescence. La sieste devient inutile et le rythme est globalement acquis si il est régulier. Le besoin de sommeil diminue pour arriver aux alentours de 8 heures vers 12 ans.

Pendant l’adolescence, le corps rencontre de nouveau de grands changements physiologique nécessitant un remaniement du sommeil. Le jeune peut se coucher plus tard, aux alentours de 22h, mais garde néanmoins le besoin de dormir au minimum 8 heures. Attention de ne pas confondre l’heure pour se coucher et l’heure où votre adorable ado s’endort. Les écrans, smartphones, ordinateurs ou TV retardent la production des hormones nécessaires à l’endormissement. Il vous faudra donc lutter fermement pour supprimer ces fantastiques outils technologiques au minimum 1 heure avant d’aller au lit !



C’est bien beau tout ça mais comment je fais pour qu’il dorme maintenant ?

– “Allez, c’est l’heure d’aller au lit”
– “Oui mais j’ai pas fini ma série”- “Je m’en fiche tu vas te brosser les dents”
– “Nan mais juste 5 minutes”
– “Tu vas te brosser les dents et tu vas te coucher TOUT DE SUITE. Tu as école demain !”
– “Alleeeeez juste 2 minutes, c’est presque fini !”


… ça vous parle… ?

Coucher ses enfants, comme les nourrir et parfois les élever relève d’un combat digne des plus grands travaux d’Hercule. Contrairement à ce dernier, nous ne sommes pas des demi-dieux et il nous faudra donc user de stratégie pour parvenir à nos fins.

Aller se coucher, surtout quand l’endormissement n’est pas de bonne qualité, n’est pas chose aisée. Cela peut amener de très grandes angoisses chez les petits comme chez les plus grands et devenir une torture pour certains. A cela s’ajoute les conflits avec les parents qui sont source d’énervement et renforcent les difficultés.

– Détendons nous.

L’esprit humain aime les petites habitudes, ça le rassure… En cela les rituels et habitus nous permettent une certaine zone de confort et ainsi d’être plus sereins dans notre environnement. Si vos enfants refusent de se coucher, prévoyez avec eux un temps de détente rituel avant d’aller dormir. Une petite histoire, un câlin, de la relaxation ou de petites chansons tous les soirs lui amèneront une sérénité qui l’aideront à se détendre et à dormir. Par exemple, lui laisser le temps de choisir 2 ou 3 histoires dans sa bibliothèque (Quoi ? Il n’en a pas ?) pendant que vous préparez ses affaires du lendemain laisseront un sas entre la journée et la détente du soir. Une petite tisane avec Maman ou Papa ajoutera encore de la chaleur sur ce temps. Enfin, Messieurs, n’hésitez pas à gérer le coucher ! Une voix grave, calme et posée rassure et détend également les enfants. Dans tous les cas, la répétition et la récurrence permettront au rituel de faire son effet et d’assurer un passage entre la phase d’activité de la journée et la détente du soir.

– Évitons les pièges !

Aimeriez vous que votre patron vienne vous voir au milieu d’un film pour aller travailler ? Non ? Il en est de même pour vos jeunes pousses. Si votre enfant regarde un épisode d’une série avant d’aller se coucher, il peut-être préférable de retarder de quelques minutes son heure pour aller au lit afin d’éviter le clash plutôt que de lui arracher la tablette des mains. Comme évoqué plus haut les écrans doivent être éteints bien avant d’aller se coucher mais il faut parfois accepter de perdre une bataille pour remporter la guerre. Si vous décidez que les dents doivent être lavées à 19h30 pour être au lit à 20h, ne le laissez pas entamer un épisode de 45 minutes à 19h… ou laissez le regarder jusqu’au bout… Cela vous évitera une crise et des disputes qui, dans tous les cas, ne permettront pas à votre petit de se coucher détendu. Oui je vous dis blanc et noir dans la même page, il vous faudra composer avec ça.

Enfin rappelez à votre enfant les horaires. Prévenez le qu’il lui reste une heure avant d’aller se coucher, il aura alors la possibilité de s’y préparer.

– « J’ai fait un cauchemar« .

Saviez-vous que les sorcières rôdent la nuit ? Que les Vampires se cachent sous les lits et attendent que les parents soient partis pour dévorer les enfants ? Ou que les poupées sur l’étagère attendent qu’on ait fermé les yeux pour sortir de grands couteaux et tuer tout le monde ? Nous l’avons oublié mais les enfants, EUX, le savent. Il est donc souvent inutile de leur rappeler que ce ne sont que des histoires et que ça n’existe pas…

Quand j’étais enfants et que je craignais que les gremlins m’agressent la nuit (on ne se moque pas s’il vous plaît…), ma mère avait pris l’habitude le soir de sortir des balais avec lesquels on chassait ces horribles bestioles par la fenêtre. Elle vérifiait bien auprès de moi si tous les coins et recoins de la chambre avaient été contrôlés avant de me lire une histoire.

Une autre maman m’a expliqué une fois que sa fille craignait les fantômes. Elles ont donc ensemble recherché sur Internet comment se protéger de ces êtres désincarnés (Madame avait bien entendu pré-sélectionné quelques sites visibles par son enfant) et ont appris que le sel repoussait les esprits. Après en avoir mis sur les rebords de fenêtre et aux portes, la magie a opéré et plus aucun fantôme n’est apparu la nuit.


La peur est un mécanisme de protection chez de nombreux animaux. Elle est instinctive, viscérale et permet de réagir face au danger quand il se présente. Plusieurs choix sont possibles : La fuite (je me lève et je vais voir Papa et Maman en pleurant), la prostration (je reste blotti sous mes couettes, terrorisé et à l’affût du moindre bruit) ou la confrontation (je vire tous ces machins qui m’empêchent de dormir !). Dans tous les cas il ne faut pas nier la peur, même si elle vous semble absurde. Rassurez vos petits machins, laissez-les parfois (quand ils sont petits et le plus rarement possible) dormir avec vous car, quoi de plus rassurant que de se sentir protégé par Papa et Maman ?

– Les risques du manque de sommeil.


J’ai présenté les besoins physiologiques de dormir, je ne m’étendrai donc pas plus sur les effets pervers des nuits qui ne sont pas suffisamment reposantes. De plus, étant moi-même très mauvais dormeur, j’ai aussi peur que ça me colle des angoisses et m’empêche de dormir…

La liste de ces problèmes permettra néanmoins à chacun d’évaluer les conséquences selon son contexte de vie et l’âge de ses enfants :

=> Capacités physiques et de concentration fortement réduites.
=> Humeur en yoyo qui alterne irritabilité, agressivité et grosse baisse de motivation.
=> Développement physique et neurologique dégradés chez le jeune enfant (les effets devenant visibles après quelques années).
=> Prise de poids.
=> Système immunitaire dégradé.

Pour conclure j’insisterai fortement sur les cercles vicieux dans lesquels nous pouvons sombrer quand le sommeil devient un problème. La fatigue favorise les angoisses et la déprime qui réduisent alors la qualité de nos nuits qui entraîne de la fatigue qui favorise les angoisses… la boucle est bouclée…

Comme toujours cet article ne saurait être une méthodologie universelle et il pourrait être intéressant de consulter un professionnel compétent si le sommeil de votre enfant devient trop problématique.


Sources et articles intéressants :

Photos de Gregory Pappas, David Clode, Tracey Hocking, Kristina Flour sur Unsplash
http://www.reseau-morphee.fr/
http://www.sommeil-mg.net/spip/Sieste-Fiche-detaillee
https://www.aboutkidshealth.ca/
https://www.sommeil.org

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